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MESSE CHRISMALE

MARDI 15 AVRIL 2025

CATHEDRALE - AMIENS

Homélie de Mgr Le Stang pour la Messe Chrismale

Chers frères et sœurs,  

Nous voici en pleine Semaine Sainte de l’Année Sainte !  Un fort temps de grâce, donc, et de réveil pour la foi de notre baptême. Nous y sommes aidés par l’afflux magnifique de lycéens et jeunes adultes, hommes et femmes qui recevront le sacrement du baptême en la veillée pascale de ce Jubilé. Leur arrivée bouscule nos communautés et nous appelle à une ferveur nouvelle. Dieu, par eux, exhorte notre Église à retrouver confiance, et à chanter le Christ, le Sauveur du monde, l’Alpha et l’Omega, Celui qui est, qui était et qui vient, le Souverain de l’univers.  

L’Évangile de Luc, entendu à l’instant, était aussi celui de l’entrée dans l’année jubilaire, proclamé en l’église Saint-Leu avant la procession vers la cathédrale, début janvier. Le Seigneur m’a consacré par l’onction. Jésus cite Isaïe, et actualise son annonce : Aujourd’hui s’accomplit cette parole ». Jésus reçoit du Père l’onction sainte qui le fait Roi-Messie. Cette onction l’imprègne et exprime toute la sainteté dont sa personne est habitée. De Lui sort une force, il parle avec autorité. Il interprète l’Écriture à frais nouveaux. Sa parole et ses actes révèlent le Royaume de Dieu présent au milieu de nous. Il s’avance librement vers sa Pâque. Ma vie, nul ne la prend mais c’est moi qui la donne.  C’est en suivant Jésus dans sa Pâque, avec foi, que nous recevons la Vie Nouvelle que les sacrements communiquent. Nous devenons ainsi le Peuple, qui par la foi et les sacrements, reçoit, lui aussi, l’onction de la sainteté de Dieu qui fait de nous son peuple béni.  

C’est le sens de la consécration des huiles dans un instant. L’huile de la douceur et de la compassion de Dieu, pour le front et les mains des malades. L’huile des catéchumènes qui empêche l’adversaire d’avoir prise sur eux, comme le corps bien enduit des lutteurs. Et enfin, le saint-Chrême, huile d’olive dans laquelle on verse un parfum. De cette huile, seront marqués ceux qui parmi vous seront baptisés, confirmés ou, un jour, ordonnés prêtres de Jésus (et même évêque mais c’est plus rare !). Vous souvenez-vous, chers frères prêtres de la phrase prononcée par l’évêque quand vous receviez cette onction d’huile dans vos mains ? : « Que le Seigneur Jésus, Lui que le Père a consacré par l’Esprit Saint et rempli de puissance, vous fortifie pour sanctifier le Peuple chrétien et pour offrir à Dieu le sacrifice eucharistique ».  Seuls des hommes imprégnés par l’onction divine peuvent rendre saint le Peuple de Dieu et offrir l’eucharistie. Nous mesurons certes les pauvretés, la fatigues et les manquements de nos vies sacerdotales, mais nous mesurons plus encore, avec gratitude et fierté, le don qui nous a été fait pour le service du Corps du Christ qui est l’Église et pour porter l’Évangile au monde. 

Dans la Bible, les oliviers sont signes de bénédiction. Ils évoquent l’alliance entre Dieu et son Peuple (pensez à la colombe de Noé portant un rameau d’olivier en son bec). L’huile d’olive, comme celle que Samuel verse sur la tête de David, est un signe de consécration, mais aussi d’unité (Ps132) et de joie (Is 61,3). Elle sert aussi à éclairer (Mt25, 3-8) ou à soigner (Mc 6, 13). C’est cette huile qui imprègne les baptisés. Tous les baptisés, qui accueillent le don de la foi et s’abandonnent à son amour. Tous, nous sommes égaux par le baptême, membres d’une Église où chacun a sa vocation et son irremplaçable mission. Tous nous recevons de diffuser dans notre monde la bonne odeur de l’Évangile. Alors, frères et sœurs, je demande : la ressentez-vous, l’onction divine reçue par notre Église diocésaine ? La sentez-vous, l’odeur de sainteté de nos communautés chrétiennes, de Mers-les-Bains à Ham, de Poix de Picardie à Doullens ? En vous écrivant la lettre pastorale La moisson est abondante, en instituant les champs missionnaires, en créant les fraternités sacerdotales et en mobilisant des projets nouveaux pour la mission, c’est cela même que nous voulons: que chacun, là où il vit, avec les prêtres, les diacres, les consacrés et chaque membre de sa fraternité, de son école, de son mouvement, de sa communauté, que chacun embaume l’atmosphère de la Somme de la bonne odeur du Christ, pour que ce territoire où nous vivons, s’imprègne et respire un esprit de foi, d’espérance et une charité sans limite.  

Eh bien, de mon côté, j’ose le dire : je la sens souvent, en bien des baptisés et communautés de notre diocèse, cette onction et cette odeur de sainteté, et j’en rends grâce. Oh, bien sûr, je pourrais citer des cas pénibles de divisions, d’infidélités ou de manques de charité… Mais – comme l’Église le fait en canonisant certains de ses membres, tels les jeunes Carlo Acutis ou Pierre-Giorgio Frassati cet été, nous osons l’affirmer : L’Esprit Saint confère son onction à bien des personnes, au-delà des murs de nos églises, indépendamment de nos efforts pastoraux. Et cela est source de réconfort et d’espérance.   

Alors, en cette Semaine Sainte de l’Année Sainte, repensons à ce cadeau que nous fait Celui qui a dit : l’onction du Seigneur est sur moi. Aujourd’hui s’accomplit cette parole. Aujourd’hui. Aujourd’hui encore, il nous purifie de ce qui sent encore la mort ou le péché dans nos vies et nous oint de sa sainteté.  

Le poète chinois François Cheng, devenu académicien français, dans un texte récent et bref, en hommage à son épouse récemment décédée, et intitulé Une nuit au cap de la chèvre, écrit : « Au sein de l’humanité, un jour, Quelqu’un a accompli le geste absolu et indépassable, le geste décisif, qui a changé la nature et le sens de la mort. En se laissant clouer sur la Croix, (…), il a affronté le Mal en soi, la Mal radical. Et dans le même temps, il a affirmé l’Amour inconditionnel, puisque sur la Croix, s’adressant au Père, il a dit : Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. » Adolescent perdu, dans une Chine à feu et à sang, Cheng avait reçu en lui, « en une journée divine » (dit-il), un appel intérieur : « Chante, et tu seras sauvé, et tout sera sauvé ». La vie, frères et sœurs, nous plonge parfois dans des gouffres de désespoir et de doutes. Mais Jésus la transfigure et la libère de toute mort. Alors, ne craignons plus de chanter la Vie qui se prolonge au-delà de la mort, celle que nous recevons de Jésus Ressuscité, en ces temps bénis. Amen.  

+ Mgr Gérard Le Stang
Evêque d’Amiens

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